par francouai » Lun 30 Mai 2011, 13:47
Un rapport exclusif de la répression des fraudes épingle les compagnies pétrolières qui n'ont pas répercuté à la pompe la baisse des cours du baril. Christine Lagarde pourrait exiger une réduction des prix.
Le rapport n'est pas long. Mais ses cinq pages suffisent à démontrer que les compagnies pétrolières et les distributeurs d'essence n'ont pas pleinement répercuté sur les prix à la pompe la baisse des cours du pétrole. Commandé début mai par Christine Lagarde, la ministre des Finances, à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), ce document, que notre journal s'est procuré, est particulièrement éloquent.
En date du 27 mai, cette étude rappelle que le prix du baril de brent (le pétrole brut de référence à l'échelle mondiale) est passé de 125,18 $ à 114,56 $ le baril entre le 2 et le 15 mai. Soit une chute de 8,48% en l'espace d'une douzaine de jours. Dans la mesure où des baisses d'une telle ampleur sont très rares, le ministère des Finances souhaitait savoir « comment ces évolutions se sont traduites dans les prix de vente des carburants au détail ». Et, surtout, « dans quels délais ».
Les distributeurs en ont gardé sous le pied
Selon le rapport, « le potentiel de baisse » des prix à la pompe était, entre le 2 mai et le 15 mai, de 0,06 € le litre pour le gazole et de 0,04 € le litre pour le SP95-E10. Ces baisses de prix se sont-elles vérifiées? Pas vraiment. En ce qui concerne le gazole (qui représente 70 % des immatriculations en France), les prix ont diminué de 0,032 € le litre dans les stations des grandes compagnies pétrolières, de 0,039 € dans les grandes surfaces et de 0,026 € chez les indépendants. Verdict de la DGCCRF : la baisse potentielle a été répercutée « dans la proportion de 50 à 70% suivant les réseaux ». En clair, les distributeurs en ont gardé sous le pied. C'est pire pour le sans-plomb où, là, la baisse potentielle « n'a pas ou peu été répercutée », les prix des pétroliers indépendants ayant même légèrement augmenté. Autre anomalie relevée par les agents de la DGCCRF : sur la partie transport et distribution, les pétroliers ont augmenté leur marge brute. Théoriquement, cela n'aurait pas été le cas « si la répercussion des prix du brut avait été parfaite et instantanée », jugent-ils bon de rappeler.
Certes, reconnaît le rapport, les contraintes techniques ou les stratégies commerciales, qui diffèrent selon les grandes surfaces, les indépendants et les compagnies pétrolières classiques, peuvent conduire à une répercussion plus ou moins importante de la baisse du cours du brut. De la même manière, le taux de change euro/dollar a un peu estompé la baisse du baril de pétrole, la monnaie unique ayant légèrement reculé par rapport au billet vert sur cette période. On voit mal, pourtant, comment les compagnies pétrolières (Total, dont les bénéfices ont bondi de 32% en 2010 grâce à l'envolée du cours du brut) et les distributeurs, qui s'étaient engagés à répercuter immédiatement à la pompe toute baisse du cours des hydrocarbures, pourront justifier ces chiffres. La sortie de Christine Lagarde, hier, n'est pas le fait du hasard (voir ci-dessous). Pour le gouvernement, obsédé par l'idée de limiter l'impact de la flambée du coût de l'énergie sur le pouvoir d'achat des Français, les prix des carburants sont en effet un sujet hypersensible. Surtout à moins d'un an de la présidentielle. Reste à savoir dans quelle mesure les pouvoirs publics peuvent réellement forcer les pétroliers à baisser leurs prix. Réponse dans quelques jours…
Si je mets de la Veuve Clicquot dans le réservoir de mon Cayenne
Peut-on dire que je roule au biocarburant ?.