par jetrider » Ven 27 Mar 2020, 22:18
Bonjour les gens ;-)
En ces temps difficiles il est bien compliqué de parvenir encore à se ménager des moments de plénitude.
En entreprise, les tensions, les peurs générées par cette situation vous poussent dans vos derniers retranchements. Chacun fait de son mieux et je rends hommage à mes collègues qui se défoncent encore pour la survie de la boîte... Même si personnellement je trouve criminel de laisser des entreprises non indispensables continuer à travailler.
Mais bon, c'est avec tout cela en tête que je monte ce soir dans le Cayenne. Partagé entre la peur de voir un proche malade et le besoin de certains d'assurer leurs emplois. Je suis encore dans mes pensées lorsque ma main effleure la poignée conducteur. Attestation en main, je suis équipé pour la guerre...Mon arsenal, un spray de javel et des chiffons, histoire de désinfecter le caddie qui me servira pour mes courses...
Le Cayenne s'illumine alors et lorsque j'entrouve la porte j'entends les pompes mettre sous pression le circuit de carburant. Je m'installe à bord, mets le contact et démarre le gros...Zen.... Sa montée en régime gratifie mes oreilles et lorsque le ralentit se fait ressentir, le glouglou paisible du V8 m'apaise... Délégué du personnel sans doute dans une des pires situations que l'on ait pu vivre ces derniers temps, je laisse enfin de côté toutes ces considérations pour retrouver un apaisement salutaire.
J'enclenche la marche arrière et alors que le portail automatique s'ouvre je commence à profiter du voyage. 17 ans... Dont 10 en ma possession, le Cayenne est presque neuf à force d'en changer des composants. Mais c'est tellement gratifiant, l'odeur du cuir, toujours intacte, le toucher de ce tableau bord entièrement recouvert de peau... Rien n'a changé... Dieu que je l'ai maudit cet engin, lorsque mes doigts coincés entre des pièces, ressortent écorchés ou que je vois mon compte succomber sous les assauts des sites de fournitures de pieces détachées. Mais à chaque fois que je remonte à bord, le plaisir ressentit fait que j'oublie toutes ces misères, y compris celles bien plus préoccupantes de nos vies actuelles. Lové dans ce fauteuil de cuir, je me sens à l'abri. Je prends la route et me concentre enfin sur le dernier plaisir automobile encore accessible. Le moteur monte en température et alors que la route se dégage, j'enfonce irrésistiblement l'accélérateur. La poussée est franche, le plaisir m'arrache un sourire niais... J'en ai de la chance...Tout le monde se porte bien chez moi et je peux encore jouir de cet engin extraordinaire... Alors oui la crise nous pousse à revoir nos priorités, oui nous devons prendre soin de nos proches et rester confinés... Mais bon dieu, faire les courses en Cayenne n'aura jamais été aussi distrayant.
Son tableau de bord, le "one function, one button", je suis fan... Au plaisir analogique de ces aiguilles se mêle le plaisir d'un intérieur enveloppant. Comme dans un cocon, cerné par le cuir, je profite de ce paysage où le soleil descendant met plus encore en valeur le feutré de cet intérieur inégalable...Ces lueurs dans la nuit, à vos pieds, dans les contre-portes, ce charme un peu désuet de ces éclairages jaunes/orangés, tout m'apaise et me ramène à ce plaisir basique...Le plaisir de conduire une auto aussi exceptionnelle que perfectible... Mais bon, c'est peut-être ce qui fait son charme aussi. Jamais je n'ai autant travaillé sur une auto mais je me sens aujourd'hui plus fort, plus compétent, plus bagnolard que jamais...J'ai encore beaucoup à apprendre mais chaque galère, chaque pièce que je remplace me permet de mieux comprendre le fonctionnement de celui qui aujourd'hui me véhicule. A chaque tour de roue, j'entrevois les reactions de l'électronique qui corrige l'assiette, la hauteur de caisse, gère la traction, corrige le positionnement des phares...Cette débauche de technologie qui fait que le Cayenne reste unique. Parce que du haut de ses 17 ans il me donne toujours la banane, le plaisir de prendre son volant est toujours intact...
La fin de ce voyage est nettement moins glamour puisque à peine descendu du Cayenne je sors mon désinfectant et reprends ma place de soldat dans une guerre contre un ennemi invisible.
Alors je vous le dis mes ami(e)s, prenez soin de vous, confinez vous. Préservons les forces vitales de notre beau pays. Profitez de ces moments avec vos proches, de ces petits plaisirs que la vie nous octroie. Vive la vie. Vive le Cayenne...
Et encore merci à tous ceux qui font que l'on peut encore manger, se soigner...Restez chez vous et portez vous bien...
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jetrider le Ven 27 Mar 2020, 22:45, modifié 2 fois.